L’orthographe en question

La “réforme” de l'orthographe
Ce que l'on peut
“objectivement” en penser
1. Les numéraux s'écrivent avec des traits d'union: vingt-et-un
C'est une très bonne chose. Cette unification de graphie permet d'éviter des ambiguïtés du style “soixante et un tiers” = 60 + 1/3 ou 61 tiers?
2. Les mots composés avec trait d'union prennent la marque du pluriel
C'est une excellente réforme: la justification “logique” qui consistait à légitimer des complications telles que “un compte-gouttes” sous prétexte que l'on compte plusieurs gouttes est inepte et ne tient pas. Du jour où l'expression est devenue un mot, celui-ci aurait dû se comporter comme tel. La réforme rétablit donc une cohérence. On aura ainsi un compte-goutte, des compte-gouttes. Un après-midi, des après-midis.
Observations. Restent invariables les mots comme prie-Dieu (à cause de la majuscule) ou trompe-la-mort (à cause de l'article). On écrit des garde-pêches qu'il s'agisse d'hommes ou de choses.
Cette régularisation du pluriel aboutit à une règle simple et unique et supprime des incohérences (pourquoi, en ancienne orthographe, un cure-dent mais un cure-ongles?).
3. L'accent grave est préféré à l'accent aigu
Voici un cas plus complexe. Entériner des graphies plus proches de l'usage parlé (évènement, par exemple) se heurte aux lois des paradigmes quand il s'agit de conjugaison.
Dans le premier cas (événement), on est en présence d'un phénomène bien connu en phonétique, le relâchement articulatoire: é, plus fermé, exige un effort articulatoire plus important du locuteur, quand l'usage ne réclame pas une distinction obligatoire, la tendance va au relâchement dans la prononciation. Celle-ci se manifeste dans l'ouverture plus grande (davantage relâchée) de la bouche. É passe ainsi à È. Ensuite, l'orthographe peut suivre ou non cette évolution. La réforme est alors légitime.
Elle ne l'est pas dans le second cas (cèderai). Le futur est formé sur l'infinitif: manger, mangerai; finir, finirai; croître, croîtrai. La règle est claire, elle permet de ne pas se tromper dans l'orthographe. Il ne reste que quelques verbes ayant subi des contractions, tel courir, courrai (et non pas, comme disent les petits - qui ont le sens du paradigme -, courirai). La réforme proposée est ici inepte et sans réel fondement.
4. L'accent circonflexe disparaît au-dessus de i et u
N'ayant pas de rôle phonétique, et étant par ailleurs souvent établi sur des étymologies fautives ou fantaisistes (datant parfois d'il y a six siècles), ces accents ne se justifient pas. Malgré qu'en aient certains puristes, écrire île (avec accent) n'aide pas le collégien dépourvu de la moindre teinture latine de rapprocher le mot français de son ancêtre isola. De surcroît, cela entraîne un accroissement du nombre d'erreurs orthographiques bien inutilement.
Il reste qu'en certaines occurrences, cet accent a un rôle discriminant, grâce auquel on distingue du (de le) et dû (devoir), sur de sûr, mur de mûr, jeune de jeûne ; de même que je crois (croire) de je croîs (croître). Autrement dit, la réforme ne règle qu'une partie des difficultés et n'élimine pas l'accent circonflexe au-dessus des i et des u. Elle ne s'impose donc pas.
5. Les verbes en -eler et en -eter ne doublent plus leur consonne
Dans la mesure où les lettres gémellées ne sont pas prononcées comme telles, la simplification est une bonne chose. Qui dit, en effet : "J'amoncelle" en doublant le "l" ? Personne: la graphie "elle" transcrit en fait un allongement du e ouvert. Et comment s'écrit ce e ouvert? Justement è. Donc, la légitimité d'écrire amoncèlement (et non plus amoncellement), ou tu époussèteras (futur du verbe épousseter), est acquise.
6. Les mots empruntés forment leur pluriel sur le modèle des mots français et sont accentués conformément aux règles qui s'appliquent aux mots français.
Encore une simplification non seulement normale, mais heureuse. Sa mise en place amène deux conséquences positives: primo, on n'a plus à se poser de fausses questions du style: "Dit-on des concertos ou des concerti?" ; deuxio, on efface ainsi une sorte de pédantisme favorisant des jargons clivants. Un lobby, des lobbys (non plus lobbies); un révolver (non plus revolver), des révolvers; un concerto, des concertos (non pas concerti), par exemple sont parfaitement admissibles.
En revanche, une alto (chanteuse), des altos (au lieu d'alti) peut être facteur de confusion, puisque un alto (violon) fait déjà son pluriel en altos. Aussi, quand on parle des tifosi (pluriel italien), doit-on rétablir un singulier italien (un tifoso, et donc des tifosos) ou dire un tifosi, des tifosis? La règle n'est ici pas suffisante. L'usage tranchera.
7. La soudure s'impose dans un certain
nombre de mots composés
- hypostatiques avec contre-, entre-
- formés des préfixes extra-, infra-, intra-, ultra-
- formés avec des éléments "savants" tels hydro-, socio-
et dans les onomatopées et les mots d'origine étrangère.
La question des mots composés aurait mérité un travail beaucoup plus approfondi. Le fait de "souder" les deux éléments d'un mot en composition est en soi une excellente avancée dans l'orthographe du français, qui jusqu'à présent se prend allègrement les pieds dans le tapis d'un fatras d'âneries (souvent défendues avec âpreté, mais sans réel fondement linguistique) au nom d'une prétendue "logique".
Ainsi adhérons sans détours à la soudure d’en-tête en entête, d'entre-temps en entretemps, comme de porte-monnaie en portemonnaie, etc. De même, il n'y a aucune contre-indication aux graphies extraterrestre, tictac. Par contre, week-end se prête mal à l'exercice, dès lors qu'une fois soudés les deux constituants du mot ne sont pas facilement identifiables - la syllabation française invite en effet à couper le nom ainsi: wee-kend. Le cas de termes comme contre-appel suppose une élision interne. Contrappel, à l'instar d'entraide, est parfaitement acceptable; donc aucune "contrindication".
Si une note stipule que "les auteurs de dictionnaires sont invités à privilégier la graphie soudée", il aurait été plus clair (et plus efficace) de faire de la "soudure" des termes d'un mot composé la règle de la composition. On éviterait de cette façon les bizarreries telles que des sièges-autos, des centres-villes, les simplifiant ainsi : des siègeautos, des centrevilles...
Allons plus loin. Pourquoi exclure (ou du moins omettre) les noms composés avec un verbe? Un haricot mangetout (des mangetouts), un sècheserviette (des sècheserviettes), un réveillematin (des réveillematins), etc. ne posent aucun problème de compréhension et répondraient à une règle unifiée et compréhensible. De même, les composés de deux substantifs, suivraient la même règle: un traintrain (des traintrains).
8. Les mots anciennement en -olle et les verbes anciennement en -otter s'écrivent avec une consonne simple. Les dérivés du verbe ont aussi une consonne simple. Font exception à cette règle colle, folle, molle et les mots de la même famille qu'un nom en -otte (comme botter, à côté de botte).
Il s'agit là d'unifier des paradigmes. Ce qui est un gage de clarté et donc de diminution du risque de confusion et de fautes. On écrit corole comme bestiole (et non plus corolle), ou frisoter comme neigeoter (et non plus frisotter). Mais on garde crotter à côté de coter... Ce qui ne règle rien.
9. Le tréma est déplacé sur la lettre u prononcée dans les suites -güe- et -güi-, et est ajouté dans quelques mots.
Le déplacement du tréma évite des erreurs de lecture. Ce qui est louable. De même, il est ajouté dans certains mots, afin d'éviter des prononciations erronées.
Le premier exemple en est le verbe arguer, qui écrit argüer ne laisse plus de place à une mélecture. Aigüe ou ambigüe remplacent avantageusement aiguë et ambiguë, et ambigüité, ambiguïté.
10. Comme celui de “faire”, le participe passé de “laisser” suivi d'un infinitif est invariable.
Le bénéficie réel d'une telle modification orthographique n'est pas évident: Elle s'est laissée maigrir devient Elle s'est laissé maigrir, sur le modèle de Elle s'est fait maigrir et elle s'est fait gronder.
11. En marge de ces "nouvelles" règles, quelques anomalies lexicales sont supprimées:
•
absout, absoute (participe passé au
lieu de absous, absoute)
•
appâts (nom masculin pluriel au lieu
de appas, au sens figuré d'attraits, charmes)
•
assoir, messoir, rassoir, sursoir (au
lieu d'asseoir, etc.)
•
bizut (au lieu de bizuth, forme déjà
abandonnée)
•
bonhommie (au lieu de bonhomie)
•
boursoufflement, boursouffler, boursoufflure
(au lieu des formes avec un seul f)
•
cahutte (avec deux t comme hutte)
•
charriot, charriotage, charrioter (avec
deux r comme charrette)
• chaussetrappe (avec deux p, comme
trappe [forme déjà admise], mais pourquoi garder attraper?)
• combattif,
combattive, combattivité (avec double t comme combattre)
• cuisseau (dans tous les cas
[abandon de cuissot], forme déjà admise)
• déciller (comme ciller, et pour
différencier de décile/décilage)
• dentelier (pourquoi?)
• dissout, dissoute (participe passé au
lieu de dissous, dissoute)
• douçâtre (forme déjà admise pour
douceâtre)
• embattre (forme déjà admise)
• exéma, exémateux,
exémateuse (au lieu d’eczéma, etc.)
• guilde (forme déjà admise pour
ghilde)
• imbécilité (avec un seul l, comme
imbécile)
•
innommé, innommée (formes déjà
admises)
• interpeler
(j'interpelle, nous interpelons, etc.) [complication au regard de l'existant, puisque
interpeller, venant du latin interpellare,
comporte deux l à toutes les personnes, et que la nouvelle conjugaison va à
l'encontre de la règle 5 ci-dessus]
• levreau (forme déjà admise au
lieu de levraut)
• lunetier (forme déjà admise au
lieu de lunettier)
• nénufar (au lieu de nénuphar) [bof…]
• ognon, ognonade,
ognonière (au lieu de oignon, etc.)
• pagaille (forme déjà admise au
côté de pagaïe)
• persifflage,
persiffler, persiffleur, persiffleuse (avec deux f comme siffler)
• ponch (dans le sens
de "boisson")
• prudhommal,
prudhommale, prudhommie (abandon de l'apostrophe en milieu de mot)
• prunelier (au lieu de prunellier)
• relai (sur le modèle de délai
au lieu de relais)
• saccarine (et ses
nombreux dérivés) [au lieu de saccharine, etc.]
• sconse (forme déjà admise au
lieu de skunks)
• sorgo (forme déjà admise au
côté de sorgho)
• sottie (forme déjà admise au
côté de sotie)
• tocade, tocante,
tocard, tocarde (formes déjà admises aux côtés de toquade, etc.)
• ventail (plus de distinction
vantail [porte]/ventail [partie de la visière d'un heaume]
Ainsi formulée, la liste des changements semble longue. À l'analyse, cependant, il apparaît que les nouveautés sont minoritaires et très marginales, même si l'on y ajoute les mots en -illier, désormais à écrire simplement en -iller. Ou d'autres peccadilles telles que allo plutôt que allô, qui ne sont pour le coup que des effets d'une préciosité déplacée.
Quelles conclusions tirer de cette "réforme"?
Elle apporte indéniablement de saines simplifications (notamment les points 5, 6 et 7) dans l'orthographe du français. On peut en revanche lui reprocher de s'attaquer à des broutilles en préconisant des solutions discutables.
La première critique qu'on peut lui faire, c'est qu'elle
ne prend pas la question orthographique comme un tout, mais qu'elle traite au
cas par cas sur le seul critère, semble-t-il, d'un corpus des fautes les plus
courantes. Or il aurait été bien plus efficace de poser les questions
de fond:
• Orthographe phonétique ou morphologique?
• Comment traiter la
composition nominale, de façon analytique ou lexicale?
• Doit-on éliminer les
incongruités engendrées par les mésanalyses d'antan, tel l'accord du participe
passé après l'auxiliaire de conjugaison avoir (n'en déplaise aux Pivot de tout
poil et autres pervers)?
• Comment favoriser la compréhension phrasuelle par des
dispositions orthographiques?
• Ne serait-il pas opportun de simplifier les
graphies redondantes comme s = ss = c = ç, ou c = k et ch ≠ de ch (= k), ou encore g = j?
La deuxième critique qu'on doit adresser aux auteurs de
cette "réforme" concerne son application. Elle est formulée en termes de
recommandations destinées aux enseignants et aux éditeurs. Ce qui s'avère non
seulement d'une totale inanité, mais source de graves confusions entre
anciennes et nouvelles graphies, pouvant ruiner tout progrès en la matière. Pareille timidité ne fait qu'embrouiller l'horizon des
scripteurs, ainsi que celui des correcteurs. Il semble donc que cette
malencontreuse réformette soit vouée à l'échec, frappée du double sceau de la
vacuité et de la maladresse. Dommage!
Il aurait été autrement plus profitable de faire un grand ménage, imposé dans l’enseignement, l’édition, la presse, etc.
Quelques pistes
Voici quelques pistes qui pourraient être suivies ou, du moins servir de base à des réflexions sur la manière d'écrire le français.
A. Accord du participe passé après avoir
Grande question à la française, s'il en est, mais qui peut être résolue très simplement. En deux mots en voici l’histoire: Clément Marot (1496-1544), poète officiel de François 1er, après son séjour en Italie, influencé par la langue italienne alors fortement à la mode, suivit l'usage italien: l'accord se fait avec le nom ou le pronom qui précède le verbe. Malgré une levée de boucliers de la part des grammairiens, cette adoption fut érigée en règle et plus ou moins justifiée par le fait que le verbe avoir n'est pas compris comme "auxiliaire de conjugaison", mais comme signifiant lexical. Ainsi, on distingue la forme "il a mangé la pomme" de son retournement "la pomme, il l’a mangée", en analysant ce dernier comme "la pomme, il l'a, et elle est mangée". Reprenons à notre compte l'avis malicieux de Voltaire, qui affirmait:
Clément Marot a ramené deux choses d'Italie: la vérole et l'accord du participe passé... Je pense que c'est le deuxième qui a fait le plus de ravages!”
Il suffirait de rétablir une règle
correcte considérant la locution verbale verbe auxiliaire + participe passé
comme une simple forme conjuguée et indissociable, et ne rien accorder du tout
après le verbe avoir.
La pomme qu'il a
mangé comme il a mangé la pomme, le verbe s'accordant le plus logiquement du
monde avec son sujet.
B. Orthographe simplifiée, oui mais par quoi?
Il y a deux façons de concevoir
l'orthographe:
1° comme la représentation graphique de la langue parlée (phonétique);
2°
comme l'expression savante de la langue (morphologique).
La première est une
transcription plus ou moins phonétique du signifiant oral par des
correspondances graphiques codées.
La seconde se targue de retranscrire
l'histoire de la langue, dans la richesse et la complexité de ses origines et
de ses emprunts. C'est le cas de notre français écrit. De sorte qu'il est
difficile de la simplifier sans l'appauvrir. Tout en gardant son caractère
morphologique (qui cherche à rendre explicites les éléments de langage par leur forme), on
peut néanmoins la dépoussiérer. Autrement, on peut tout aussi bien faire fi de la tradition (alors jugée "vieillotte et
surannée"), et décréter une orthographe phonétique (ortografe fonétike). Pourquoi pas? Mais il y a en l'espèce clairement
un choix à faire, auquel très manifestement une grande partie - combien? - des
francophones ne sont pas préparés.
Le dépoussiérage semble préférable à bien des titres, à condition qu'il soit utile, justifié et global. Donc efficient et compréhensible. Dans cet ordre d'idées, il s'agit de partir de la lecture. C'est-à-dire de s'assurer que les façons réformées d'écrire sont plus efficaces à lire et à comprendre, qu'elles facilitent la transmission de la langue et de la pensée.
C. La composition nominale
Le français n'est pas "doué" pour écrire les mots composés. Cela vient de l'obsession de garder une graphie analytique. L'histoire du compte-gouttes est symptomatique. Le mot est singulier mais porte la marque du pluriel, parce qu'on veut se souvenir qu'il s'agit d'un objet qui "compte les gouttes", même s'il les délivre une par une. La réforme citée plus haut va dans le bon sens quand elle préconise de laisser au singulier la forme du singulier, donc non marquée d'un s. Mais cela devrait amener en bonne et due forme à considérer cette composition comme un tout lexical, impliquant de fait l'abandon du trait d'union. Le compte-gouttes devrait devenir un comptegoutte, et le trompe-la-mort s'assumer en trompelamort. Voilà qui serait cohérent avec le point 7 de la réforme susdite, où l'on soude les composés avec préfixe ou hypostatiques (composés prépositionnels), avec les réserves émises quant aux mots étrangers.
D. Aller encore plus loin
Pourquoi ne pas dépoussiérer la façon d'écrire en éliminant les lettres que l'on prononce de différentes manières, alors qu'elles ont des équivalents dans l'alphabet? Le cas de la lettre c est particulièrement parlant. Voici une lettre que l'on transcrira oralement tantôt par "s", tantôt par "k", qui s'acoquine avec h pour donner naissance à "ch" avec deux prononciations différentes, mais doit s'affubler d'une cédille pour se faire reconnaître dans les milieux hostiles. À côté de cela, on n'emploie guère le k que dans de rares termes d'importation. Citons aussi s qui se prend pour z en milieu vocalique, alors que cette dernière, à part faire le zozo ou semer la zizanie en fin de deuxième personne verbale, paraît plutôt déshéritée. Et le g qui ne sait plus où il en est? Est-il j? Geai ou gai, géant ou gué? Pour qu'il ait besoin de s'adjoindre des appendices afin de se faire admettre. Certes, l'aspect visuel de notre écriture changerait, mais on irait vers une saine simplification si l'on remettait un peu d'équité et d'ordre dans la répartition de ces lettres. Un peu d'éqité, qoi! Redonnons de la noblese aux dézhérités. Simplifikasion, chanjement, gajes de fasilité et de klarté. Le jai n'est-il pas gai au-desus du gé, kaketant tout ce q'il peut?
E. Un dernier pas
Poussons le bouchon encore un peu, dans le but de rendre la lecture plus claire. Puisqu'il s'agit de graphie et d'orthographe, pourquoi nous contentons-nous de couper les phrases en mots au lieu de les séquencer par syntagmes? Cela aurait, en effet, le mérite d'éviter les mauvaises coupures dans les phrases. Pour ce faire, il y a deux méthodes. La première consiste à séquencer par syntagme, c'est-à-dire par groupe de mots indissociablement soudés par leur fonction et par leur signifié (leur sens). La seconde va plus loin encore, en rendant solidaires les segments phrasuels autonomes. Prenons deux exemples.
ex. 1a Poussons lebouchon encor(e)unpeu
ex. 1b Poussonslebouchon encorunpeu
ex. 2a Legeai n'est-ilpasgai
au-desudugé ?
ex. 2b Legeain'estilpasgai au-desudugé?
Certes, la lecture de la seconde option paraît assez difficile à nos yeux français, mais sans doute moins pour des lecteurs allemands, habitués aux mots composés à rallonge. En tout état de cause, si l'on couple cette graphie avec la simplification orthographique évoquée plus haut (D.), on rétablit une lecture à la fois plus simple, en réduisant les risques de mélecture, et plus sûre, la séquenciation phrasuelle étant écrite.
Ainsi aurait-on, en s'en tenant à la séquenciation par syntagme:
Unpeud'éqité, qoi! Redonnons delanoblese auxdézhérités. Simplifikasion, chanjement, gajes defasilité etdeklarté. Lejai n'est-il-pasgai au-desudugé, kaketant toutceq'ilpeut?
Il reste un obstacle. Non pas l'Académie. Quoique… Notre amour du jeu de mots et particulièrement du calembour.
Bon amidon lettrait son lapin, vient sur mon saindoux pourri goûter la vidange.
Bon ami dont les traits sont là peints, viens sur mon sein doux pour y goûter la vie d'ange.